l'addiction au jeu, les sorties...comportements d'un certain type de caractère /extrait

 

 

Les jeux de hasard, les sorties, les soirées, les voyages

     Le jeu est un des moyens accessibles de se donner des émotions. Ceux qui deviennent dépendants aux jeux sont plus souvent impulsifs que calculateurs.  La vie sans le jeu est, pour celui qui en a pris l’habi­tude, maussade et incolore. Ce sont vos désirs et vos fantasmes qui vous inspirent un besoin d’argent, sans que votre caractère ne vous ait donné l’activité et la persévérance ordinairement nécessaires pour le gagner.

     Cette certitude de gagner proviendrait d’un mélange de surestime de soi et d’impulsivité qui empêche le contrôle de soi. La psychologie considère le jeu pathologique comme une addiction comportementale. De nombreux aspects des jeux de hasard influencent les pensées du joueur : par exemple, une série de victoires successives sur plusieurs tirages vous donnera une illusion de contrôle et de compétence, et à l’inverse, une série de défaite vous persuadera que le hasard va rééquilibrer les choses. Plus vous avancez dans le jeu, plus vous pensez que c’est maintenant que le bon numéro va sortir. Vous irez même jusqu’à penser que vos actions ou vos qualités personnelles seront susceptibles d’influencer le résultat. A cause de cela, quand vous sentez que vous êtes arrivé près du but, vous appliquerez certains rituels afin d’augmenter votre contrôle du hasard.

     Fiodor Dostoïevski (Le Joueur) décrit les mécanismes dans l’addiction au jeu. Il considère qu’il s’agit d’une « illusion de contrôle ». Le jeu est un divertissement, pour s’amuser uniquement, et le joueur ne s’intéresse pas du tout au fait même de gagner. Il joue pour son propre plaisir.

     Vos croyances erronées consistent à surestimer la probabilité de gagner ce qui vous fait prendre des décisions risquées. Les erreurs de logique du joueur impulsif provoquent l’émergence de comportements et d’émotions inadaptés. Dostoïevski explique que les joueurs ont l’illusion de prendre le contrôle et de prédire le résultat. Cette illusion est la conséquence d’un narcissisme qui a renforcé l’estime de soi. Le fait que vous vous sentiez surévalué rétrécie votre champ de conscience sur le jeu d’une part, et vous donne la certitude de gagner d’autre part. Dostoïevski décrit l’élan passionné du joueur : « j’étais moi-même au plus haut degré possédé par le désir de gagner ». Le gout du risque, le narcissisme exacerbé, l’absence de peur mais aussi parfois l’avidité, entraineront une telle attitude face au jeu.

     Notons que le jeu et les sorties sont souvent associés à l’alcool et aux stu­péfiants, et ce toujours dans le but de rechercher des sensations nouvelles. Ce besoin de changement permanent vous amène à sortir d’un bar à un autre, d’une soirée à une autre discothèque, au même titre que vous passerez d’une sensation à une autre ou d’une amitié à une autre, assez facilement.

     Le voyage, les déménagements, la fugue, la fuite vers d’autres régions ou d’autres pays dont vous avez rêvés seront des vues fréquentes. Parfois, par paresse ou par manque de moyens, vous foulerez la terre de ces pays exotiques lointains où vous auriez aimé vivre, que dans vos rêves les plus profonds.  

     Le besoin de vagabonder se vérifie dans les populations nomades comme les Roots ou les Rastas fréquemment composées de nerveux. Ce sont aussi les « Hoboes » qui, dans les États‑Unis du Nord, allaient faire la moisson d’État en État. Parmi eux, se comptent beaucoup de musiciens populaires, qui doivent être des nerveux ayant des difficultés à s’adapter à la régularité de la civilisation industrielle. Ce sont les cueilleurs de pommes ou les vendangeurs à l’automne, les saisonniers des stations de sport d’hiver ou des villes balnéaires en été. On trouve fréquemment dans les populations de nerveux, l’union d’une assez vive intelligence avec une désorganisation de la vie dans laquelle l’extrême inactivité primaire entraîne l’incapacité d’aucune activité continue. C’est aussi Rimbaud qui a fait tous les métiers : il était « débardeur à Marseille, carliste, racoleur en Allemagne, soldat hollandais à Java, puis déserteur, employé de cirque en Suède, surveillant de carrière à Chypre ». Le nerveux goûte à chaque profession la jeu­nesse de l’expérience qu’il en fait, mais il la déserte dès que l’habi­tude en a amorti la nouveauté et que la persévérance y exige l’effort.

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