l'émotivité / extrait

 

     (...) Concrètement, vous êtes quelqu’un d’émotif si vous réagissez de façon vive à un évènement en libérant sous des formes diverses une partie de l’énergie dont vous disposez : des cris, des larmes, de l’enthousiasme, des indignations, des mouvements de défense, ou un changement de couleur, un stress ou une gêne avec un stimulus faible. L’évènement peut être intime comme une pensée, une image ou le souvenir d’un sentiment. Il n’est alors pas rare que vous vibriez en écho à un sentiment intériorisé qui vous touche personnellement. (...)

     Mais les éléments extérieurs sont ceux qui vont provoquer les décharges émotives les plus puissantes : elles sont d’autant plus nombreuses et d’autant plus fortes que le seuil de la sensibilité est plus bas. Cette capacité de réagir à des évènements qui pour d’autres personnes seraient insignifiants ou anodins, constitue le premier signe de l’émotivité. Le deuxième signe est lié à l’ampleur de la réaction : elle sera faible ou mesuré chez la personne moins émotive alors que la réaction sera intense et débordante si vous êtes très émotif ou « hyperémotif ». Le troisième signe de l’émotivité est d’accuser l’évènement par des ébranlements qui sont à fois physiques et psychologiques comme des attitudes physiques de découragement ou d’abattement, ou au contraire un éclat dans le regard ou dans la voix qui montrent les réactions positives au contre-coup physiologique que vous avez vécu.(...)

(...) L’émotivité face à l’activité

     Suivant qu’elle se compose dans le caractère avec « l’activité » ou avec la « non‑activité », l’émotivité se manifeste par deux groupes opposés d’effets.

     Prenons un exemple simple : il est midi, vous avez faim et un bon plat de pâtes vous ferait bien plaisir. Si vous pouvez satisfaire ce besoin, alors vous mangerez selon votre appétit et vous n’aurez même pas le temps de ressentir la faim. Rien ne viendra gêner votre action et, dans ce cas, le sentiment se déploie sans difficulté. Votre conscience est tournée vers l’objet (le repas) et s’intéresse aux moyens et aux fins de l’action. La conscience des choses refoule la conscience de soi. Le sentiment n’est que tendance et la tendance se satisfait. (...)

     Admettons maintenant que vous n’ayez pas pu satisfaire votre besoin de vous rassasier. Vous êtes dans les embouteillages et le premier restaurant est à 1 heure d’ici. La direction du senti­ment se renverse, la tendance se convertit en émotion, l’impatience se transforme en expressions de colères, interjections et trépignements.

Vous subissez alors l’évènement, et, l’objet (la faim et ce fameux plat de pâtes) vous domine, votre champ de conscience se resserre vers cette idée fixe : vous ressentez une impatience et un énervement surpassant désormais le premier sentiment, la faim, qui, finalement, devient presque accessoire. (Comme quoi la « faim » justifie parfois les moyens…). Au lieu de se satisfaire par des effets pratiques, le sentiment s’éprouve. Mainte­nant c’est l’émotion forte qui l’emporte sur le sentiment. (...)

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