les blessures de l'enfance / extrait
Analyse caractérielle des blessures et des troubles
(...) Notons tout d’abord qu’il est fréquent qu’un enfant et un parent puisse avoir une affinité liée à des identités caractérielles, c’est-à-dire un caractère proche. Un garçon peut aimer sa mère mais s’entendre encore mieux avec son père et inversement, et ce, indépendamment de toute mécanique freudienne. C’est surement le cas de bon nombre d’entre vous. Le complexe d’Œdipe chez la fille a été moins facilement mis en avant par Freud. Ce que pensent certains caractérologues à ce sujet et aussi toute une branche de la psychologie, c’est que la relation fille-père ne peut pas rentrer dans le même schéma car l’enfant est avant tout lié à sa mère, au moins jusqu’à 3 ans et quel que soit son sexe, c’est bien elle qui aura, quoi qu’on en dise, le plus d’impact sur la petite enfance. L’attachement de la fille envers le père impliquera aussi la vigueur, la force ou le rôle social qu’il représente ce qui n’a que peu de rapport avec un conflit d’ordre sexuel.
Notons aussi qu’il est fréquent que les conflits entre parents et enfants soient totalement d’ordre caractériel : imaginons par exemple un père violent qui serait alors peu enclin à gérer l’éducation de son fils ou de sa fille, un père laxiste, une mère trop sévère ou encore une autre inattentive aux cris et aux pleurs de son enfant. Beaucoup de traits de caractères, beaucoup d’attitudes ne favorisent pas un parfait épanouissement de l’enfant, voire laissent des traces indélébiles que nous développerons tout à l’heure. En retour, la réaction de l’enfant sera en fonction de son propre caractère. Certains enfants, dociles et conciliants, seront enclins à endurer l’éducation donnée, d’autres plus émotifs ou de caractères plus « complexes » entreront en conflit avec un ou les deux parents, quel que soit le sexe.
Notons enfin que certains enfants particulièrement difficiles vont déclencher par leur attitude (cris, pleurs, émotions fortes…) la sévérité ou l’impatience des parents, renforçant ainsi le mécanisme de création des blessures, pouvant aller jusqu’au déclenchement de troubles de la personnalité dans les cas les plus complexes ; nous développerons cette partie un peu plus loin.
Un enfant difficile face à un parent conciliant n’aura pas le même développement de sa personnalité que celui dont les parents manqueront de savoir être, de valeur ou de morale. Nous verrons plus tard également que le milieu social et éducatif aura un impact déterminant sur l’enfant eu égard à l’ancrage dans le temps des blessures, des troubles de la personnalité et des névroses. Quel que soit le schéma, la psychanalyse oublie le point fondamental qui est de situer l’enfant dans sa personnalité et son caractère intrinsèque. C Jung a proposé une classification qui fut reprise par la suite par le fameux MBTI (16 personnalités identifiées), mais le fait qu’il pose en premier lieu les catégories freudiennes avant les caractères fausse les données et rend l’analyse trop vague, trop générale et par conséquent peu efficace. C’est bien pour cette raison qu’à quelques semaines d’intervalle, on puisse avoir des résultats au test MBTI différents pour une même personne.
La sensibilité de l’enfant augmenterait donc l’intensité des blessures ?
La question qui se pose en effet, est d’établir une corrélation entre les blessures profondes de l’enfance et le caractère inné de chacun. Peu d’études ont abordé le sujet et donc peu de sources fiables et disponibles laissent transparaitre un lien entre la sensibilité de l’enfant et sa perception du monde environnant. Aussi, nous allons remonter une fois de plus dans les années 50-60 pour retrouver des sources précises et des études très poussées sur l’analyse caractérielle.
André LE GALL considère que certains caractères ne subissent pas les effets de l’évolution des blessures classiques de l’enfance. Les actifs et les inémotifs « ne laissent aucune place ici pour les complexes », faisant là allusion à l’impact du complexe d’Œdipe sur l’enfant puis sur l’adulte. Il considère que « la naissance même des complexes exige un caractère émotif, et leur survie un caractère inactif ». Il ajoute que, en conséquence : « ni les sanguins, ni les flegmatiques, ni les amorphes, ni les apathiques d’une part qui sont des inémotifs, ni les colériques, ni les passionnés d’autre part, qui sont des actifs, ne peuvent répondre aux descriptions freudiennes ».
Partant de ce postulat, nous allons essayer de comprendre pourquoi d’un caractère à un autre les impacts et l’intensité des blessures ne seront pas les mêmes. Il faudra aussi intégrer le fait que l’émotivité sera le facteur déterminant de la sensibilité de l’enfant à son environnement. (...)
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